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Les manchots au Parc zoologique de Paris

20/03/2021

La recherche au Parc zoologique de Paris 
 
Mieux connaître pour mieux protéger

Le saviez-vous ?
Le rôle d’un parc zoologique scientifique est à la fois de présenter des espèces sauvages menacées, en vue de les conserver, mais également de mener des projets de recherche. Le Parc zoologique de Paris participe ainsi à des études visant à mieux connaître la biodiversité qui nous entoure. Parfaire nos connaissances scientifiques sur les espèces et leurs modes de vie permet notamment de déployer des actions dans le milieu naturel, pour mieux protéger les populations sauvages.  

Depuis l’été dernier, le Parc zoologique de Paris participe, en partenariat avec le CNRS et l’Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC), à un projet scientifique autour des manchots de Humboldt. Ce projet vient en assistance directe à la recherche effectuée auprès des manchots royaux et manchots empereurs en région subantarctique.

L’étude préliminaire, qui s’est déroulée pendant 4 semaines en août 2020, avec l’intégration de deux types de rovers, robots roulants commandés à distance sur la plage des manchots, avait pour objectif d’évaluer la réponse comportementale de manchots du Parc zoologique de Paris à la présence et aux mouvements d’un rover. Les jeunes manchots, c’est-à-dire ceux qui sont nés en 2019 et 2020, ont fait preuve d’une certaine curiosité à son égard. Toutefois, il a été observé que la majorité de la colonie évitait sa présence lorsque robot était statique, voire plongeait dans l’eau quand il s’en approchait. Remarquant qu’en fonction de la forme et des couleurs du rover, les manchots ne réagissaient pas de la même manière, différents accessoires ont été ajoutés aux deux robots afin d’identifier les modifications à apporter pour minimiser l’impact sur les animaux.

La seconde phase d’étude a débuté en janvier 2021, pour une durée de 6 mois couvrant en particulier la période de reproduction de notre colonie. Les objectifs de cette nouvelle étape sont multiples. Tout d’abord, il s’agit d’essayer différents habillages au rover dans le but de trouver celui qui permettra de passer inaperçu au sein de la colonie. Pour cela, l’observation et l’analyse des réactions sont suivies sur six individus en particulier : 2 adultes reproducteurs, 2 adultes non reproducteurs et 2 jeunes. Ce suivi s’effectue grâce à une innovation technologique amenée par un partenaire du Parc zoologique de Paris réalisant des équipements médicaux de pointe aux États-Unis : des implants miniaturisés peuvent enregistrer l’électrocardiogramme de ces six manchots. Les données pourront être téléchargées par les équipes scientifiques jusqu’à 5m de distance. Enfin, une plateforme de pesée automatique a été mise en place, afin d’enregistrer et de transmettre les poids des manchots qui passeront dessus. Ils seront identifiés automatiquement par deux moyens : leur puce et une caméra reliée à un logiciel de reconnaissance visuel. L’algorithme de ce système vidéo novateur est développé au zoo, grâce au travail d’un étudiant en Master, en lien avec les ingénieurs et chercheurs du CNRS et de l’IPHC. Il s’agit d’une technologie de pointe, où la machine apprend à reconnaître les animaux sous tous les angles d’après une base de données qu’on lui fournit, mais parvient aussi petit à petit à enrichir elle-même sa base de données pour devenir plus performante et même reconnaître de nouveaux individus.

Ce projet complexe et pluridisciplinaire est une opportunité exceptionnelle de collaborer directement avec des chercheurs, sur des sujets de pointe, dans un souci constant du moindre impact sur les animaux. Développer toute la logistique au sein d’un parc zoologique permet de faire des observations pour certaines impossibles en milieu naturel, d’affiner les techniques d’observation, de parfaire les procédures, et ce, avant de les appliquer en milieu naturel, au sein duquel les conditions extrêmes laissent peu d’opportunité d’ajustement. Cette complémentarité trouve tout son sens au sein d’un zoo du Muséum national d’Histoire naturelle, et débouchera sur un enrichissement des connaissances des équipes scientifiques afin de mieux préserver la biodiversité animale.